Brendan et le secret de Kells - Tomm Moore - 2009

Publié le par sophie

 

"Brendan et le secret de Kells" : un dessin animé réinvente l'iconographie luxuriante du Moyen Age LE MONDE | 10.02.09

oici la nouvelle production des Armateurs, ceux qui ont réinventé l'animation française ces dernières années avec des films comme Kirikou, ou Les Triplettes de Belleville, en réconciliant créativité débridée, héritage culturel et succès public. Aussi inattendu que l'étaient la mythologie africaine pour le premier et la France populaire des années 1950 pour le second, le contexte de Brendan et le secret de Kells est celui de la fabrication du Livre de Kells, chef-d'oeuvre de l'art religieux médiéval, au IXe siècle, dans une Irlande en proie aux invasions vikings.

L'originalité et la beauté du film tiennent au fait que son esthétique s'inspire de celle des enluminures du livre en question : spirales raffinées, effusions colorées aux mille nuances, vision kaléidoscopique, découpage du cadre en forme du triptyque entre les panneaux desquels circulent les personnages... Cette iconographie luxuriante transforme un récit d'apprentissage des plus classiques en une épopée fabuleuse où se croisent les influences du christianisme primitif et de la mythologie païenne.

UN MUR GÉANT DE PROTECTION

Le jeune Brendan vit sous l'autorité de son oncle, le sévère abbé Cellach, un ancien enlumineur qui a abandonné toute activité créative pour se consacrer à la construction d'un mur géant dont il espère qu'il protégera son abbaye des invasions Vikings. Derrière les portes de l'enceinte, l'atmosphère est terne, asphyxiée par la peur. Censé assister son oncle, qui veut faire de lui son successeur, Brendan passe le plus clair de son temps avec ses amis, les joyeux moines enlumineurs - un vieux barbu de type européen, un autre aux traits asiatiques et un troisième vraisemblablement venu d'Afrique, qui synthétisent à eux trois la grande diversité des cultures qui auraient nourri le Livre de Kells.

C'est avec l'arrivée du très respecté Frère Aidan, venu se réfugier dans l'abbaye après que sa ville a été détruite, que Brendan prend son envol. Auprès de cet enlumineur éclairé, gardien d'un grand livre commencé par d'autres au cours des décennies passées, il trouve un père spirituel et la force de braver les interdits posés par son oncle. Pour procurer au vieil artiste l'encre dont il a besoin pour achever l'ouvrage, le garçon franchit clandestinement la porte de l'abbaye et s'engage seul, pour la première fois de sa vie, dans l'épaisse forêt qui lui fait face.

Contrastant avec l'austérité de la vie à Kells, le monde sauvage se révèle merveilleusement riche, plein de dangers, de promesses et de mystères. Grâce au soutien d'un espiègle et charmant petit esprit de la forêt, une fille-louve qui revêt à sa guise toutes sortes d'apparences, Brendan s'y fraye un chemin, acquiert peu à peu son autonomie.

A son retour, il s'impose comme l'artiste élu, celui à qui revient la mission de terminer l'élaboration du livre mythique, et entreprend alors secrètement son apprentissage.

D'autres obstacles surviennent, orchestrant le conflit entre repli obscurantiste et ouverture au monde par l'art. On regrettera que le scénario ne trouve pas toujours son rythme, mais qu'importe : l'univers visuel est d'une telle splendeur qu'il maintient son spectateur dans un état de rêve éveillé, du début à la fin


Isabelle Regnier http://www.lemonde.fr/cinema/article/2009/02/10/brendan-et-le-secret-de-kells-l-iconographie-luxuriante-du-moyen-age-reinventee_1153327_3476.html

 


Folio 34r du  Livre de Kells (Book of Kells en anglais; Leabhar Cheanannais en irlandais), également connu sous le nom de Grand Évangéliaire de saint Colomban, 820 après JC. 
folio34r.jpg

Publié dans Cinéma

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