La corde - Paul Fort

Publié le par sophie

Pourquoi renouer l'amourette ? C'est-y bien la peine d'aimer ? Le câble est cassé, fillette. C'est-y toi qu'as trop tiré ?


C'est-y moi,? C'est-y un autre ? C'est-y le bon Dieu des Chrétiens ? Il est cassé; c'est la faute à personne; on le sait bien.


L'amour, ça passe dans tous les cœurs; c'est une corde à tant d'vaisseaux, et ça passe dans tant d'anneaux, à qui la faute si ça s'use ?


Y a trop d'amoureux sur terre, à tirer sur l'même péché. C'est-y la faute à l'amour, si sa corde est si usée ?


Pourquoi renouer l'amourette ? C'est-y bien la peine d'aimer ? Le câble est cassé, fillette, et c'est toi qu'as trop tiré.

 

Paul Fort, L'amour marin

Publié dans P XXè - Naturisme

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C
sans aller peut-être jusqu'au Tao<br /> il y a tout de même quelque chose de collectif<br /> dans l'amour dont parle Paul Fort,<br /> cela semble être une même corde qui passe dans tous les anneaux...<br /> ("L'amour, ça passe dans tous les cœurs; c'est une corde à tant d'vaisseaux,<br /> et ça passe dans tant d'anneaux, à qui la faute si ça s'use ?")<br /> le côté intriguant en effet de cette poésie<br /> est le contraste généré<br /> par l'attribution de l'usure d'un lien entre deux personnes<br /> à un usage collectif de ce lien.<br /> La fillette a-t-elle trop tiré sur la corde?<br /> ou bien est-ce l'usure d'un usage collectif intensif?<br /> Les deux?<br /> <br /> Mais:<br /> si c'est la même corde à travers l'espace et le temps<br /> comment pourrait-elle être usée?<br /> (ou alors une usure infime et légère à l'échelle cosmique)
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