Robe - Pierre lartigue

Publié le par sophie



La poésie aujourd'hui est une bonne robe parce qu'elle emprunte et parce qu'elle est douce à enlever. Mais quoi dessous ?

Des oies qui rejoignent la mer au moment où la pluie tombe sur le pays d'Auge.
La poésie est le vêtement analogue.
Haute robe - Ôte robe.
Elle est de l'air dans une cloche et du secret commun.
Elle est la peau. Je bois à plein verre ses baisers, mouillures, coulures de papiers, pleines pages. Et le bruit d'écrire comme du petit ongle sur une robe volée, la trousse d'une chambre ouverte, une pomme de terre cuite à l'eau.
Bonne robe contre le vent velours c'est la robe qu'on salue.
Ventre de son bord de louve c'est le broc !
Trêve de noces,
Rien d'offensant !
La poésie, non !
La poésie c'est la robe sanglante de César percée par trente mains et la brutalité de telle déchirure suscite l'image d'un bûcher où jeter le corps. Que le feu la fumée fassent un rucher de cette chair crépitante et coulent les abeilles graisseuses !
Ô comme elles roulent en criant de la robe du corps !
La poésie c'est ça : mettre le feu dans un lieu riche où l'on renverse tout : longue chemise par excellence fourrée de galons bouillonnés qu'on découpe et qu'on donne comme l'écriture échancrée, fendue, où l'échange est un regard évidé ouvert à l'envers mais qui laisse entrevoir des tiges de guingois. »


  Pierre Lartigue, 1936-16 juin 2008  (Photo M.Durigneux), in Révolution 1982

Publié dans Poésie XXème

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