Haïkus de prison (I) - Lutz Bassmann

Publié le par sophie

 

L’organisation s’est constituée
on attend que les chefs surgissent
pour les haïr


L'odeur d’oignon
chevauche l’odeur d’urine
bientôt la soupe du soir

La nuit sans douceur
se glisse par la fenêtre
balafrée de stries verticales

A côté les cris se sont tus
enfin le violeur
s'est pendu

Sur le visage du boxeur fou
un nouveau tic est apparu
un assassinat se prépare

Torse nu je regarde la lune
on m'a volé
mon tricot de corps

On a transféré le bossu
il prétendait que sa paillasse
sentait le chameau

L'éphéméride ne maigrit pas
encore deux jours
avant la douche

Cette nuit quelqu'un a hurlé
qu'on l'étranglait
personne ne sait si c'est vrai

Le nouveau vient de la campagne
son odeur d'herbe
est insupportable

Demain c'est jour de visites
le proxénète se lave
les cheveux

Lutz Bassman, Haïkus de prison, Verdier










Publié dans Poésie XXème

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