Second degré
Hier, de garde, j’étais pour mon anniversaire
Et le pressentiment d’une nuit de galère.
Quand la concentration sanguine en CO2
Devient plus élevée que celle de l’O2
Chez la moitié des patients du service,
Le médecin s’inquiète en guettant les prémices.
En réanimation, Ô Chance ! Sont présents
IDE, ASH en nombre suffisant.
Dix-huit heures, premier bip, la tournée des popotes
Commence aux urgences où un p’tit vieux radote.
Naufragés des brancards, se suivent en alternance
Des vieillards édentés et qui sentent le rance
Et puis des psychotiques qui ont en une prise
Avalés tous les cachets du mois.
Surprise !
L’un d’entre eux se trouve dans un coma profond
Et nécessite en urgence une intubation.
Transfert au déchocage, célocurine après
Le propofol, le tuyau vite dans la trachée,
Voilà cette affaire bien rondement menée.
Reste cette mamie qui fait un OAP,
Elle va nous suivre aussi pour de la VNI
Pour ce qui nous semble être sa dernière nuit.
A deux heures, téléphone : vite, le onze va mal !
Cette hypoxie brutale ne paraît pas normale !
L’auscultation retrouve un murmure poumon gauche
Bien plus faible : avant que la mort ne le fauche
J’ai le temps d’exsuffler ce qui semble bien être
Un pneumothorax. Ce soir donc pas de prêtre
Pour lui. Et ce matin, il était bien en vie…
Jusqu’à ma prochaine garde de vendredi !
Un an de plus pour moi, un jour de plus pour lui,
La vie se contente d’accorder des sursis.