Sans métaphore - HIYU DE NAKU - Kazue Shinkawa

Publié le par sophie

 

 

Les pêches après avoir mûri tombent:                               comme l'amour

L'incendie des dépôts de grains s’éteint :                          comme l'amour

Les matins du septième mois s’engourdissent :               comme l'amour

Le porc dans la maison d’un pauvre tenancier maigrit : comme l'amour

 

Oh !

Sans métaphore

Moi      l’amour

L’amour   cette chose   je la cherchais   et

 

Des choses comme l’amour

J’en ai rencontré je ne sais combien mais

Elles ne pouvaient s’accrocher à moi

Pas plus qu’à un fétu de paille flottant sur la mer dans la paume de cette main

 

Aussi moi ai-je essayé de parler d’une autre façon

Mais   après tout là également l’amour était une métaphore

 

L’amour : gouttes sucrées qui tombent une à une des pêches

L’amour : incendie des dépôts des quais   poudre à explosion    flamme qui se dresse verticalement

l’amour : matins étincelants du septième mois

l’amour : un cochon qui grossit tout rond

 

Elle me ferma la bouche avec ses lèvres

Et me prit dans ses bras   cette personne

Ténèbres d’un parc   Feuilles des arbres qui embaument   Jet d’eau qui jaillit

Dans tous les sens c’était comme l’amour   dans tous les sens

 

Les heures ont passé par-dessus   les heures seules

Elles portaient une lame parfaitement aiguisée   sur ma joue

Elles ont fait couler du sang

 

Kazue Shinkawa, in Anthologie de poésie japonaise contemporaine, Gallimard, traduction J. Sigée

 

Publié dans Poésie - Orient

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