Sonnet à Tommaso Cavalieri - Michel-Ange

Publié le par sophie


   Je vois par vos beaux yeux une douce lumière
   que par les miens, aveugles, je ne saurais voir;
   je porte avec vos pieds un fardeau sur l'échine
   que les miens claudicants, n'auraient jamais souffert;

   Je vole avec vos ailes, moi qui suis sans plumes,
   par votre esprit sans cesse entraîné dans le ciel;
   je suis à votre gré ou livide ou vermeil,
   transi dans le soleil ou chaud par froide brume.

   Mon désir ne réside qu'en votre vouloir,
   mes pensées ne se forgent que dans votre coeur,
   mes paroles ne naissent que de votre souffle.

   Je ressemble à ce qu'est, d'elle-même, la lune
   dont nos yeux ne sauraient découvrir dans le ciel
   qu'une portion: celle qu'embrase le soleil.

   
Michel-Ange, Poèmes, traduits et présentés par Pierre Leyris, Gallimard

Publié dans Poésie - L italienne

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article