Top articles
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Va-et-vient - Claude Roy
à Jacques Roubaud J’entends en moi ouvrir fermer claquer des portes des bruits de pas dans un escalier parler à voix basse dans un corridor quelqu’un tousse puis étouffe sa toux quelqu’un vient hésite s’arrête fait demi-tour un long silence On entend...
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L'hippopotame - B. Dimey
J'ai de l'hippopotame à peu près la rondeur, Mais je ne vais dans l'eau que par inadvertance. Je suis devenu sage et je crains les voyeurs, Alors je m'engloutis sous les herbes et je pense. L'hippopotame est doux mais son cuir est trop dur, Son oeil est...
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Eloge de l’autre - Tahar Ben Jelloun
Celui qui marche d’un pas lent dans la rue de l’exil C’est toi C’est moi Regarde-le bien, ce n’est qu’un homme Qu’importe le temps, la ressemblance, le sourire au bout des larmes l’étranger a toujours un ciel froissé au fond des yeux Aucun arbre arraché...
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Chanson de gavroche - Victor Hugo
La bourgeoisie est un veau Qui s'enrhume du cerveau Au moindre vent frais qui souffle; Le bourgeois c'est la pantoufle Qu'un roi met sous ses talons Pour marcher à reculons. Je fais la chansonnette, Faites le rigodon. Ramponneau Ramponnette, don! Ramponneau...
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La redevance - Tardieu
J'ai mis ma folie à part. C'est une pièce nue que j'ouvre seul - avec précaution. Et soudain, à voix basse: "C'est toi? - Oui, c'est moi." La pièce, quoique petite, résonne comme une voûte. Enfin la vérité! De blanches ténèbres au lait de chaux. Un relent...
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L'horloge - Baudelaire
Les Chinois voient l'heure dans l'oeil des chats. Un jour un missionnaire, se promenant dans la banlieue de Nankin, s'aperçut qu'il avait oublié sa montre, et demanda à un petit garçon quelle heure il était. Le gamin du céleste Empire hésita d'abord;...
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Angine de poitrine - Nâzim Hikmet
Si la moitié de mon cœur est ici, docteur, L’autre moitié est en Chine, Dans l’armée qui descend vers le Fleuve Jaune. Et puis tous les matins, docteur, Mon cœur est fusillé en Grèce. Et puis, quand ici les prisonniers tombent dans le sommeil quand le...
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Icebergs - H Michaux
Poème de la sérénité retrouvée, il est reconnu par Le Clézio comme "l'un des plus beau poèmes que la langue française a portés, l'un des plus purs et l'un des plus vrais". Ainsi, dans ce monde à la dérive, le poète voyage vers ce qui semble être un refuge...
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L'oiseau futé - C Roy
A quoi bon me fracasser, dit l'oiseau sachant chanter au chasseur sachant chasser qui voulait le fricasser. Si tu me fais trépasser, chasseur au cœur desséché tu n'entendras plus chanter l'oiseau que tu pourchassais. Mais le chasseur très froissé dit...
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Mes joies de l'automne - Chateaubriand
Plus la saison était triste, plus elle était en rapport avec moi : le temps des frimas, en rendant les communications moins faciles, isole les habitants des campagnes: on se sent mieux à l'abri des hommes. Un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne...
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C'est le grand amour - Jean L'Anselme
Elle avait des lunettes et lui aussi si bien qu'ils se voyaient mieux pour se regarder dans les yeux. Elle avait un Sonotone et lui aussi si bien qu'ils s'entendaient bien et restaient sourds à tout ce qui les entourait. Mais, il avait un grand nez et...
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L'humanité comme communauté libidinale - Freud
Pour tout ce qui va suivre, j'adopterai donc le point de vue selon lequel le penchant à l'agression est une prédisposition pulsionnelle originelle et autonome de l'homme,et je reviendrai à l'idée que la culture trouve en elle son obstacle le plus fort....
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La plus belle - Norge
Je suis la plus belle des roses, Chantait une rose à ses soeurs. - Sache garder tes lèvres closes, Conseillait-on avec douceur, On te cherche point querelle, Mais soit plus modeste, font-elles. Et voilà qu'au matin nouveau, La belle crie encore plus haut....
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Whatever Works
"Si vous êtes de ces crétins qui venez au cinéma pour vous sentir bien, allez plutôt vous faire masser les pieds!" Boris Bande-annonce 1 Whatever Works envoyé par toutlecine. "Parce que sa jeune épouse l'a quitté, un vieil intellectuel juif new-yorkais,...
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Grotesques - Verlaine
Leurs jambes pour toutes montures, Pour tous biens l’or de leurs regards, Par le chemin des aventures Ils vont haillonneux et hagards. Le sage, indigné, les harangue ; Le sot plaint ces fous hasardeux ; Les enfants leur tirent la langue Et les filles...
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Dernier espoir - Verlaine
Il est un arbre au cimetière Poussant en pleine liberté, Non planté par un deuil dicté, Qui flotte au long d'une humble pierre. Sur cet arbre, été comme hiver, Un oiseau vient qui chante clair Sa chanson tristement fidèle. Cet arbre et cet oiseau c'est...
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La lune, Rue pavée - J Reda
Je crois que la lune est entrée et vit dans cette chambre Où je la vois me regarder à sa vitre, là-haut. Toujours quelque chose de tendre imprègne le halo De sa face aussi froide au printemps qu'en décembre Et satisfaite aussi de se dérober au cahot Des...
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Dans les bois - Nerval
Au printemps l’Oiseau naît et chante : N’avez-vous pas ouï sa voix ?... Elle est pure, simple et touchante, La voix de l’Oiseau — dans les bois ! L’été, l’Oiseau cherche l’Oiselle ; Il aime — et n’aime qu’une fois ! Qu’il est doux, paisible et fidèle,...
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Eviradnus (fin) - Hugo
XVII La massue Comme sort de la brume Un sévère sapin, vieilli dans l'Appenzell, A l'heure où le matin au souffle universel Passe, des bois profonds balayant la lisière, Le preux ouvre son casque, et hors de la visière Sa longue barbe blanche et tranquille...
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Eviradnus VI - Hugo
XV Les oubliettes S'il sortait de ce puits une lueur de soufre, On dirait une bouche obscure de l'enfer. La trappe est large assez pour qu'en un brusque éclair L'homme étonné qu'on pousse y tombe à la renverse; On distingue les dents sinistres d'une herse,...
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Extase - Eluard
Je suis devant ce paysage féminin Comme un enfant devant le feu Souriant vaguement et les larmes aux yeux Devant ce paysage où tout remue en moi Où des miroirs s'embuent où des miroirs s'éclairent Reflétant deux corps nus saison contre saison J'ai tant...
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Comprenne qui voudra - Eluard
Comprenne qui voudra Moi mon remords ce fut La malheureuse qui resta Sur le pavé La victime raisonnable À la robe déchirée Au regard d'enfant perdue Découronnée défigurée Celle qui ressemble aux morts Qui sont morts pour être aimés Une fille faite pour...
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L'Eclaircie - Hugo
L’océan resplendit sous sa vaste nuée. L’onde, de son combat sans fin exténuée, S’assoupit, et, laissant l’écueil se reposer, Fait de toute la rive un immense baiser. On dirait qu’en tous lieux en même temps, la vie Dissout le mal, le deuil, l’hiver,...
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L'allusion à Narcisse - Henri de Régnier
Un enfant vint mourir, les lèvres sur tes eaux, Fontaine! de s'y voir au visage trop beau Du transparent portrait auquel il fut crédule... Les flûtes des bergers chantaient au crépuscule; Une fille cueillait des roses et pleura; Un homme qui marchait...
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Appel de Victor Hugo en faveur des Serbes (1876)
Il devient nécessaire d'appeler l'attention des gouvernements européens sur un fait tellement petit, à ce qu'il paraît, que les gouvernements semblent ne point l'apercevoir. Ce fait, le voici : on assassine un peuple. Où ? En Europe. Ce fait a-t-il des...