Top articles
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Les sept contre Thèbes - Eschyle
LE CHOEUR. - O noire, ô toute puissante Imprécation d'Oedipe et de sa race, un froid cruel enveloppe mon coeur. J'entonne le chant dû au tombeau, dans un délire de Thyade, quand j'apprends quels sanglants cadavres viennent de tomber, misérablement. Elle...
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Considérations actuelles sur la guerre et la mort - Freud
La guerre à laquelle nous ne voulions pas croire éclata et fut pour nous une source de... déceptions. Elle n'est pas seulement plus sanglante et plus meur trière qu'aucune des guerres du passé, à cause des terribles perfec tionnements apportés aux armes...
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La Jetée - Michaux
Depuis un mois que j’habitais Honfleur, je n’avais pas encore vu la mer, car le médecin me faisait garder la chambre. Mais hier soir, lassé d’un tel isolement, je construisis, profitant du brouillard, une jetée jusqu’à la mer. Puis, tout au bout, laissant...
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Marigny -rewind- B. Alexandre
Ecrits de la clinique psychiatrique de Marigny 1. cela fait maintenant sept jours que je ne dors pas sept jours que j'aiguise ma soif sur tous les rebords de fenêtres sept jours que je sucre mon café avec les copeaux d'un sommeil absent 2. je t'écris...
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A*** - René Char
Tu es mon amour depuis tant d'années, Mon vertige devant tant d'attente, Que rien ne peut vieillir, froidir ; Même ce qui attendait notre mort, Ou lentement sut nous combattre, Même ce qui nous est étranger, Et mes éclipses et mes retours. Fermée comme...
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Le jour se lève où je suis seul - JP Raîche
Le jour se lève où je suis seul. Je partirai bientôt sans que tu t’en inquiètes, dormant, blottie dans un lit étranger aux abords d’une ville qui déjà n’est plus mienne. A notre insu, j’ai fabriqué ce nom que tu ne porteras jamais, l’ai déposé sous une...
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La danse macabre - José Cazalis et C. Saint-Saëns
La danse macabre, poème de Henri Cazalis, mélodie de Camille Saint-Saëns 1872, chanté par José Van Dam Zig et zig et zag, la mort en cadence Frappant une tombe avec son talon, La mort à minuit joue un air de danse, Zig et zig et zag, sur son violon. Le...
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Paradis artificiels
Hier soir, garde en réanimation reçoit trente ans cocaïnomane connu délire toxique automutilation arrachement de l'oeil droit arrêt cardiaque ressuscité traitement du syndrome post-arrêt hémodynamique instable H12: passage en mydriase unilatérale de fait...
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Vierge Folle, L'époux infernal - Rimbaud
Écoutons la confession d'un compagnon d'enfer : "Ô divin Époux, mon Seigneur, ne refusez pas la confession de la plus triste de vos servantes. Je suis perdue. Je suis soûle. Je suis impure. Quelle vie ! "Pardon, divin Seigneur, pardon ! Ah ! pardon !...
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Desolatio (2) - M. Deguy
A Claude Dix ans ont passé Aucun jour ne passe, peut-être aucune heure, sans que, par ce qu'on appelle la pensée, je me tourne vers Monique. La pensée, c'est la mémoire, mais c'est aussi l'envisagement du présent, l'invention de l'imminence. La tristesse...
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Nuit de noces - H Michaux
Le jour de vos noces, en rentrant, si vous mettez votre femme à tremper, la nuit, dans un puits, elle est abasourdie. Elle a beau avoir toujours eu une vague inquiétude... "Tiens, tiens, se dit-elle, c'est donc ça le mariage. C'est pourquoi on en tenait...
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L'enfer à domicile - Tardieu
Dans le secret d'un couloir obscur au fond d'une glace incertaine un homme rencontre son image. Tel il se voit tel il voudrait être, fier joyeux triomphant et surtout jeune, ah comme un dieu! Mais l'image s'efface et se perd au bruit des tuyaux gémissants...
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L'amour menacé - Alain Badiou
Nicolas Truong: Dans un livre devenu célèbre, De quoi Sarkozy est-il le nom?, vous soutenez que "l'amour doit être réinventé mais aussi tout simplement défendu, parce qu'il est menacé de toutes parts". De quoi est-il menacé? En quel sens les anciens mariages...
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Chanson - JC Pirotte
aux marches du palais j'ai rencontré ma reine elle a dit tu es laid tu souillerais ma traîne si tu la regardais je te ferais tuer par mon père à l'aurore et bien fort je rirais de te voir dépendu et je rirais encor en martelant ton corps de mes talons...
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Le mandat impératif - Rousseau
La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point (....) Les députés du peuple ne sont ni ne peuvent être ses représentants,...
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Haïkus de prison (III), Le transfert - Lutz Bassmann
(...) Depuis ce matin on n'avance plus d'après ce que disent le soldats on est arrivé à destination Nous nous pressons en silence les uns contre les autres nous regardons tous en silence à travers les planches Quand on ouvre les portes plusieurs s'attardent...
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Mémoires d'Hadrien - M. Yourcenar
En dépit des légendes qui m'entourent, j'ai assez peu aimé la jeunesse, la mienne moins que toute autre. Considérée pour elle-même, cette jeunesse tant vantée m'apparaît le plus souvent comme une époque mal dégrossie de l'existence, une période opaque...
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Second degré
Hier, de garde, j’étais pour mon anniversaire Et le pressentiment d’une nuit de galère. Quand la concentration sanguine en CO2 Devient plus élevée que celle de l’O2 Chez la moitié des patients du service, Le médecin s’inquiète en guettant les prémices....
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Greenberg - Noah Baumbach - 2010
(...) Rapidement labellisé « cinéaste East Coast » (new-yorkais, lettré, cinéphile), Noah Baumbach s’amuse de sa propre caricature dans Greenberg, son dernier film, en mettant en scène le retour d’un New-Yorkais dépressif et inadapté sous le soleil de...
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Haïkus de prison (II), Le transfert - Lutz Bassmann
La feuille d'appel s'est envolée le soldat rougit il bredouille des noms imaginaires La feuille d'appel s'est envolée trente détenus virevoltent entre voie ferrée et nuages Les soldats comptent et recomptent il est pourtant improbable qu'un clandestin...
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Complainte du fusillé - Prévert
Ils m'ont tiré au mauvais sort par pitié J'étais mauvaise cible le ciel était si bleu Ils ont levé les yeux en invoquant leur dieu Et celui qui s'est approché seul sans se hâter tout comme eux un petit peu a tiré à côté à côté du dernier ressort à la...
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Demain, dès l'aube - V. Hugo
La nuit dernière, pas de poème: j'étais de garde. De ces nuits de garde où la seule chose qui nous fait tenir c'est la certitude que l'aube finira par arriver et avec elle la relève. De ces nuits de garde qui sont d'intenses moments de solitude. De ces...
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Chronique douce - JC Pirotte
la poésie c'est bon pour les oisons les oiseaux les oisifs disait mon père et tu ferais mieux d'apprendre le code civil moi j'apprenais le tango la biguine à dire je t'aime en catalan en croate en turc en polonais aujourd'hui je ne dis plus jamais je...
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Opinion sur les subsistances - Robespierre
(…) La liberté indéfinie du commerce ; et des baïonnettes pour calmer les alarmes ou pour opprimer la faim, telle fut la politique vantée des nos premiers législateurs (…) Les auteurs de la théorie (de la « liberté indéfinie du commerce », NDLR) n’ont...
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Mon salut - Léopold Sédar Senghor
Mon salut comme une aile claire Pour te dire ceci: A la fin du premier sommeil, après ta lettre, dans la ténèbre et le poto-poto Au fond des fondrières des angoisses des impasses, dans le courant roulant Des rêves morts, comme des têtes d'enfants le Fleuve...