Haïkus de prison (IV), L'enfer - Lutz Bassmann
(...)
Le bonze franchit la limite des arbres
sa main caesse une fougère
il a prévu dix secondes avnt le coup de fusil
Le claquement de la carabine
dans le matin glacial
un corbeau s'envole sans crailler
Le bonze s'est effonfré en écartant les bras
on dirait
qu'il embrasse la neige
Hier soir j'ai promis
de chuchoter près de sa tête
ne pas renaître surtout ne pas renaître
Le soldat est blême ses yeux s'embrument
il vient d'assassiner
son premier détenu
Les chiens aboient les gardes crient
je ne suis pas allé
parler au bonze
Dans le brouillard sous les projecteurs
on ignore
à quel moment du cauchemar on se trouve
(...)
Lutz Bassmann, Haikus de prison, Verdier